Benoît Lévesque, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Benoît Lévesque

  • Année: 2006
  • Degré: Membre honoraire

Valérie Borde, dans un article sur Benoît Lévesque publié dans la revue de I'ACFAS, volume 21 no 6, décembre 2000, écrivait de lui qu'il « s'intéresse au progrès d'une autre économie », une économie « qui s'appuie sur la solidarité et la coopération ».

Il est né dans un village près de Matane, Saint-Ulric, où était située l'une des plus anciennes caisses·populaires qu'il a d'ailleurs fréquentée ainsi que la coopérative agricole. Bachelier ès arts de l'Université Laval et en théologie de l'Université de Montréal, le professeur Benoît Lévesque obtient en 1971 une maîtrise ès arts en sciences humaines de l'Université de Sherbrooke, et un doctorat en sociologie de l'école Pratique des Hautes Études de l'Université René Descartes sciences humaines - Sorbonne en 1974. Dès 1967, il entreprenait une carrière dans l'enseignement au cégep de Matane. De retour de ses études en France, il devient de 1975 à 1982, professeur au département des sciences humaines à l'Université du Québec à Rimouski. Puis, de 1982 à 2004, il a été professeur au département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal, et depuis 2004, il est professeur associé à l'École nationale de l'administration publique et à l'Université du Québec à Montréal.

Le professeur Benoît Lévesque a produit ou a été associé à près de 500 publications et communications scientifiques dont certaines en anglais, en espagnol, en portugais, en italien et en japonais.

Il s'est intéressé à la sociologie économique et la pensée économique. Il a étudié la modernisation des entreprises, les relations de travail et le syndicalisme. Il a produit plusieurs travaux sur le développement régional et local, entre autres sur les caisses et les collectivités locales (1977-1999), sur l'économie sociale, notamment sur sa définition du modèle québécois d'économie sociale de 1997 à aujourd'hui, de même qu'une première étude sur l'économie sociale de 1988 à 1992 pour le CIRIEC-International. Benoît Lévesque a collaboré à plusieurs thèmes de recherche sur les coopératives :

• les grandes étapes de l'évolution du mouvement coopératif (plusieurs études à partir de 1980);

• les coopératives de travail (1985-1993-1994-1995);

• les coopératives jeunesse de services;

• les caisses populaires Desjardins (1995-1996-1997-2000-2001-2004);

• la législation des coopératives (1995);

• l'impact socio-économique des coopératives.

Il a été responsable du neuvième colloque sur les leaders contemporains qui portait sur

« Desjardins: une entreprise et un mouvement».

Le professeur Benoît Lévesque a été le maître d'œuvre et le premier directeur de la maîtrise en développement régional à l'Université du Québec à Rimouski. Il a été le rédacteur de la revue du CIRIEC-Canada, « Coopératives et développement » de 1980 à 1985.

Il est membre depuis 1985 du comité de rédaction de la Revue internationale de l'économie sociale (RECMA) publiée à Paris. Il est membre de Consejo Asesor de la revue « Revisa de debate de la Economia Publica, Social & Cooperative Espagna », depuis 1998. Il est rédacteur associé de la revue des Annales de l'économie publique, sociale et coopérative depuis 2002. Il a été président de l'Association d'économie politique, président du CIRIEC-Canada (1995-2000), cofondateur de I'ARUC en économie sociale et codirecteur jusqu'en 2003.

Il a apporté une contribution exceptionnelle comme universitaire dans la fondation et la mise en place de deux réseaux de chercheurs à caractère associatif en partenariat avec les organismes du domaine de l'économie collective : le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) et l'Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS); il a également favorisé la mise en place d'un troisième réseau de même nature, le Réseau québécois de recherche partenariale (RQRP). Ses efforts pour mettre en place des regroupements stratégiques de recherche font en sorte que près d'une centaine de chercheurs sont maintenant actifs dans ce domaine en lien avec des organismes du milieu et peuvent dorénavant compter sur plusieurs millions de subventions de recherche. Son action comme chercheur s'est de plus prolongée au niveau international en répondant à des demandes provenant de l'OCDE, du Bureau international du travail, du Conseil de l'Europe et plus récemment du ministère de l'Économie et de l'emploi de la région wallonne en Belgique.

Le professeur Benoît Lévesque est le président du Conseil scientifique du CIRIEC International depuis 2002. Il dirige actuellement une opération de planification stratégique en tant que président du Conseil scientifique du CIRIEC-international, en vue de mettre en relation et de satisfaire l'offre des institutions et la demande de recherche des milieux concernés pour l'ensemble du réseau du CIRIEC-international et de ses composantes nationales.

En tant que représentant universitaire, il a siégé comme membre observateur au conseil d'administration du Conseil de la coopération du Québec (1990-1992). Il a été membre du conseil d'administration du Regroupement québécois des coopérateurs et coopératrices de 1986 à 1992. Il a reçu le titre de coopérateur de l'année 1998 à la COR de Montréal/Laval et a partagé le prix Arès pour la publication de la revue Coopératives et développement.

De telles réalisations et bien d'autres encore supposent un homme aux qualités exceptionnelles. Toujours discret à propos de sa contribution à des productions collectives de recherche dont il est souvent l'initiateur ou le coordonnateur, il a la sobriété et l'effacement qui caractérisent le véritable esprit scientifique envers la science. Il se situe derrière l'œuvre et il valorise la contribution de chacune et de chacun.

Marie-Claire Malo, dans son texte hommage à Benoît Lévesque, publié dans la revue du CIRIEC-Canada, Coopératives et développement, vol. 27 no. 1et 2, p. 9-18, écrit à son sujet : « lui dont la multitude d'engagements relève du dévouement ». J'ajouterais, et qui fait montre d'une exceptionnelle capacité de travail en réseau.

Merci à ses deux enfants et à Jeannine, sa conjointe, d'accepter qu'il en fasse autant.

Le professeur Benoît Lévesque a atteint ce rare niveau de culture et de connaissances auquel peu de personnes ont su accéder et qui rend capable d'analyser des situations complexes avec justesse et simplicité.

Dans les universités, la recherche est une activité volontaire. Les liens avec d'autres chercheurs se développent et des réseaux se créent, résultats d'une tendance à vouloir s'associer. Pour lui, l'économie sociale, les coopératives ont des similitudes avec cette attitude des chercheurs. Tout naturellement, des liens se créent. Quelqu'un a déjà dit que ce qui est important dans le mouvement coopératif c'est que la volonté de s'associer procède d'idées et de pratiques, de recherche et de réflexion.

Les entreprises prennent vie à partir d'idées, d'aspirations, et d'expression de besoins à la satisfaction desquels on a toujours trouvé au Québec des universitaires et des praticiens qui s'y sont engagés ensemble. Rappelons le mouvement Antigonish, le père Georges-Henri Lévesque, la faculté d'agriculture de la Pocatière, Édouard Montpetit et Joseph-Albert Anger. En France, avec Fouquet, Charles Gide, St-Simon. L'Alliance coopérative internationale (ACI) est soutenue par une importante activité de recherche, le CIRIEC est aussi un exemple de recherche collective et partenariale. Jacques Defourny qualifiait le Québec coopératif et de l'économie sociale comme étant un Eldorado de la recherche en ces matières. C'est dans cette lignée de grands chercheurs que l'on peut situer le professeur Benoît Lévesque. Son œuvre est colossale.

Il n'hésitera pas d'ailleurs au détour d'une conversation à vous affirmer que si l'on compte seulement sur les lois du marché pour résoudre les problèmes de notre société, en particulier le chômage et la pauvreté, on se trompe lourdement car, vous dira-t-il, « la seule issue d'une économie strictement néolibérale et marchande, c'est la guerre».

Soucieux de démocratisation, de développement de la vie citoyenne et de progrès durable, coopérateur convaincu, il continue de contribuer à l'avancement de la recherche sur des bases collectives et partenariales afin qu'elle soit inspirante, utile au dépassement des situations et inscrite dans une perspective d'intérêt général.

C'est un privilège pour les chercheurs et pour les acteurs du développement que d'avoir à leur côté cet être exceptionnel, cet intellectuel accompli qu'est le professeur Benoît Lévesque, véritable penseur et témoin de notre temps.

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