Camille Morneau, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Camille Morneau

  • Année: 1996
  • Degré: 3

Quand on se réfère aux critères de qualification de l'Ordre du Mérite coopératif québécois, on y mentionne les qualités suivantes : l'apport des services exceptionnels qu'un candidat a pu fournir dans le domaine des faits et des idées, soit par des travaux de recherche, la publication d'ouvrages, soit encore par un souci constant de répandre ou d'appliquer les principes de la coopération, ou soit encore par son dévouement spécial dans l'un ou l'autre des secteurs d'activité de la coopération.

La démarche de Monsieur Camille Morneau le qualifie pour l'ensemble de ces critères.

Géographe de formation à l'emploi du ministère de l'Agriculture, des Pêches et de l'Alimentation du Québec, Monsieur Morneau a effectué une maîtrise en développement régional sur un type de coopérative peu connu au Québec : la coopérative d'utilisation de matériel agricole (CUMA).

C'est par ce mémoire que s'est mis en branle un processus d'étude approfondi et d'actions concrètes qui devaient mener à la mise sur pied et à l'implantation de ces nouvelles coopératives, aujourd'hui opérationnelles dans plusieurs régions du Québec.

Une première démarche « en éclaireur », réalisée auprès de coopératives françaises créatrices de ce modèle au début des années quarante, a permis à Monsieur Morneau de dresser un portrait exhaustif de ces « CUMA » françaises. Par différents projets d'échanges entre agriculteurs québécois et français, dont il fut l'instigateur, il a pu transférer au Québec le savoir et l'expertise des coopérateurs français dans le but d'adapter cette forme de coopération à notre réalité agricole.

En misant sur l'intercoopération internationale, il a donc pu développer ici une nouvelle formule de gestion du matériel agricole en privilégiant le regroupement d'individus dans une vie associative renouvelée.

Sa démarche relevait principalement de deux angles d'intervention : le premier répondait inévitablement à des critères socio-économiques. Il visait à démontrer que la
« désindividualisa­tion » de la mécanisation dans les entreprises agricoles permettrait d'obtenir une meilleure capacité de tirer profit d'une mécanisation nécessaire, mais non essentielle sur une base individuelle; le deuxième angle d'intervention avait pour but de revaloriser la profession d'agriculteur à travers un processus de renouvellement des rapports sociaux, en favorisant le rapprochement des producteurs pour qu'ils puissent se retrouver et échanger dans la recherche de nouveaux modèles d'entraide et de solidarité.

Mais encore fallait-il rendre ce savoir et cette expertise accessibles auprès des agriculteurs d'ici et ce, au moment où ce secteur d'activité connaissait des bouleversements majeurs. Que l'on parle des accords du GATT, du libre-échange, de la mondialisation des marchés, du désengagement des gouvernements dans un marché sans frontière, les changements rapides qui s'opèrent déboucheront inévitablement sur des pratiques agricoles de plus en plus spécialisées et hautement mécanisées.

C'est donc dans ce contexte, à partir de rencontres d'information et de formation dans un milieu qui, par tradition, a toujours contrôlé individuellement ses outils de production, que Monsieur Morneau a pu mettre de l'avant les valeurs coopératives dans le but d'aider les agriculteurs à améliorer leur efficacité technique et économique et à diminuer leurs coûts de production.

En proposant aux agriculteurs ce nouveau modèle de gestion du matériel agricole aux avantages économiques certains, Monsieur Morneau a également travaillé à propager les avantages d'un regroupement des ressources humaines dans une formule faisant appel aux valeurs d'entraide, de saine communication, d'implication, de solidarité et de discipline, afin de susciter un esprit coopératif qui restera solidement ancré chez les membres.

Dès février 1991, Monsieur Morneau et un groupe de producteurs agricoles de
Saint-Fabien mettaient sur pied une nouvelle forme de coopérative unique en Amérique du nord : la CUMA. Depuis, il a participé à la création de 30 CUMA au Québec, regroupant près de 500 membres.

Par ailleurs, Monsieur Morneau a conçu un plan de formation spécifique aux CUMA et participé à la rédaction de nombreux articles alliant agriculture et coopération.

Chercheur, formateur, rédacteur et initiateur d'un nouveau modèle d'entreprises coopératives au Québec, la démarche de Monsieur Morneau est un exemple d'initiative et de persévérance pour le mouvement coopératif québécois.

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